Le Cri des Hyènes
Éditions des Monts d'Auvergne - 2015
Printemps 1894. Une vague d'attentats anarchistes ébranle la France entière. Emma Chambert, une jeune artiste peintre, issue d'une famille de vignerons aisés de Clermont-Ferrand, voit d'un mauvais œil les théories idéalistes et libertaires de son frère Baptiste, étudiant en droit à Lyon. Son inquiétude se confirme avec l'arrivée à Clermont-Ferrand d'un nouveau commissaire. Le rigide et implacable Paul Vardes va vite avoir en ligne de mire les activités suspectes de Baptiste et surveiller ses allées et venues entre sa ville d'origine et Lyon où se prépare la venue du président Sadi Carnot à l'occasion de l'Exposition universelle. Pour atteindre le jeune homme, Vardes pourrait bien se rapprocher de sa sœur.
Prix du Jury - Salon d'Ebreuil 2017
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L'avis des lecteurs
"Troublante la coïncidence avec l’actualité.
Nous sommes fin du 19ème siècle. Une sœur, un frère. Deux villes, Lyon, Clermont-Ferrand, un commissaire rigide. De la gastronomie, un cours d’histoire, d’œnologie… Un roman bien ficelé."
Marc Charny, Le coup de cœur des libraires, 28-11-2015
"Coup de cœur !
J'avoue que je ne maîtrise pas du tout cette période de notre histoire, hormis quelques repères connus de tous (l’assassinat de Sadi Carnot, l’affaire Dreyfus…). Véronique Chauvy lève le voile sur ces années de la fin du XIXe avec un roman enlevé, plein d’action. Elle campe également admirablement la vie de ces années-là, avec une verve incroyablement documentée. Au fil des pages, on croit presque entendre le sabot des chevaux claquer sur les pavés, le vent s’engouffrer dans les jupes des coquettes et les cris des marmots dans les champs."
Jenny Garp, 11/12/2017 sur Amazon
Extrait
Quand l’héroïne du Cri des Hyènes rencontre le peintre Pierre Bonnard…
À Paris, Emma Chambert propose ses toiles au marchand d’art Durand-Ruel. Elle y croise le peintre Pierre Bonnard.
« Il aurait voulu retenir la jeune fille, mais déjà la tante apercevant un omnibus qui arrivait, précipitait les adieux. Le bruit des sabots qui martelaient le pavé, celui des roues qui grinçaient en ralentissant, couvrirent les dernières salutations. Emma leva légèrement la main qu’elle accompagna d’un sourire résigné et tourna les épaules. Était-ce l’éblouissement de la roue jaune qui tournait comme un soleil derrière cette silhouette toute en légèreté ? Ou était-ce cette expression douce qui imprégnait le visage, émergeant d’un col aux froufrous exubérants qui donnait quelque fantaisie à la robe sage ? Le jeune homme se sentit illuminé par cette vision éphémère. Il sut qu’il ne reverrait plus la jeune fille. Alors vite, s’imprégner de ce visage qui se détachait sur les rayons jaunes, de la fine taille qui se courbe, du regard alangui par la nostalgie. Fixer dans sa mémoire ce qui va disparaître. De retour, jeter une esquisse sur un papier. Préparer du jaune, des gris. Peindre. Et plus tard, rajouter peut-être une couleur, un objet dans la main, mais garder cette insaisissable absence du regard. Donner un titre à la vision, d’où s’est déjà évaporée la jeune fille : l'Omnibus. Enfin, signer : Bonnard. »
L'anarchisme au XIXe siècle...
L’anarchisme s’est développé en Europe dans la seconde moitié du XIXème siècle. Il se prône la suppression de l’autorité sous toutes ses formes, l’autorité politique (suppression de l’État), l’autorité économique (lutte contre le capital), l’autorité morale (représentée au XIXe siècle par la religion).
L’anarchisme éclot en fait sur les cendres de la Révolution de 1789. Les concepts de liberté et égalité étaient séduisants, mais ils ne se sont pas concrétisés. Tout ça pour ça…, a-t-on dû se dire, pour en arriver à la Terreur, à un Empire, une Restauration… L’idée de donner le pouvoir au peuple a échoué.
Au milieu du XIXème siècle, l’anarchisme va trouver un terreau favorable auprès de certains.
En France, le « père » de l’anarchisme est Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), dont on connaît la formule « La propriété c’est le vol », qu’il introduit dès le début de son premier ouvrage Qu’est-ce que la propriété ? (1840).
Proudhon fait des émules, en Russie Bakounine et Kropotkine ; en France Elisée Reclus, Jean Grave (natif du Puy-de-Dôme). On peut ajouter Sébastien Faure, Emile Pouget, Fernand Pelloutier, Félix Fénéon et Louise Michel…
Il y aura des anarchistes de deux sortes, ceux qui vont propager les théories par la tribune, les discours : la propagande par la parole. Et les seconds qui vont traduire leurs idées en actes, et en actes violents : les propagandistes par le fait. Ils vont commettre des attentats contre les dépositaires de l’autorité.